Coucou la compagnie 🤓 Me revoilà aujourd’hui pour parler avec vous d’un sujet très intime, celui des grossesses « surprise ». Et bim ! Après un premier article « tranquillou bilou » pour une reprise en douceur, on rentre dans le dur avec un sujet un peu moins léger… mais néanmoins important ! 🥰 Vous le savez désormais, Chez Simone et Simonette on aborde nos articles sans tabou, à coeur ouvert, pour apporter notre petite pierre à l’édifice dans ce grand fauchage des idées reçues.

💥 Je préfère préciser que je vais aborder des sujets qui peuvent se révéler délicats, selon vos parcours de vie, vos histoires… Dans cet article, je parle notamment d’avortement, et même s’il me tient à coeur de me livrer en douceur, il n’en reste pas moins que ce thème peut raviver des blessures encore à fleur de peau chez certains•es. Alors, si le sujet vous intéresse et que c’est le bon moment pour vous, installez-vous confortablement, je vous emmène avec moi au coeur de mon histoire… 🤓

Je ne veux pas d’enfant ! 

Depuis que je suis toute petite, mon entourage m’a toujours entendue dire « C’est hors de question, je ne veux pas d’enfants ! », voire même « J’espère ne jamais vouloir d’enfant » (#radical). Sans vraiment savoir pourquoi, j’étais très fermée à cette idée de me perpétuer (j’aime bien ce mot 😅), et même la notion de « fabriquer un mini moi » qui faisait vibrer tant de gens autour de moi, me laissait complètement indifférente…

Un enfant, c’est mignon, c’est vrai. Mais moi, ce que je voyais surtout, c’était toutes les contraintes associées ! Un enfant, ça crie, ça coûte cher, ça fait caca tout le temps, ça t’empêche de sortir librement, ça te met un boulet au pied pendant dix huit ans (au mieux), vingt six ans (en cas de « Tanguy-sévère ») !

En 2023, quand on a 30 ans et toujours pas de petit bambin, la pression de la société se fait sentir. Refuser un verre d’alcool et lui préférer un jus de fruits, paraître un peu plus serrée que d’habitude dans son jean, décliner l’invitation pour une sortie parce qu’on est fatiguée… Il suffit de pas grand chose pour éveiller les soupçons. Moi la première ! Quand l’une de ces situations se présente dans mon entourage, j’y pense tout de suite, à ce petit bout de cornichon qui est peut-être (« sûrement !) en train de se développer dans son bidou 🤰

Mais peut-on tout simplement préférer un jus de fruits à un verre d’alcool ? Se sentir ballonnée dans son jean à cause de la raclette d’hier soir ? Se remettre en douceur d’une soirée arrosée (#CuitasLesBananas) ? Sans que cela ne soit tout de suite le signe d’une grossesse débutante !

Vouloir ou non un enfant est un droit. La vie de parent, si elle est encore « la norme » aujourd’hui, n’est pas l’unique chemin de vie qui s’offre à nous. Je me demande pourquoi tant de gens sont surpris d’entendre quelqu’un dire « Je ne veux pas d’enfant ». Je me demande si un jour on cessera de voir des gens avouer à demi mot qu’ils n’en ont pas envie, en ayant la sensation de devoir se justifier.

Et puis un jour… (ou peut-être une nuit) 

•• À partir d’ici, je rentre dans les détails… Cette transparence avec nos lecteurs est un choix qui me tient à coeur, pour soulever des sujets à mon sens encore trop peu abordés 🤓

Je suis de ces femmes que l’on dit « très fertiles ». J’ai été enceinte trois fois dans ma vie. Les trois fois, ce n’était pas souhaité. À 24 ans, c’est sous pilule que je suis « tombée enceinte » (quelle expression étrange…). À 27 ans, la méthode du retrait m’a fait défaut. Tout comme à 33 ans. Je le sais désormais : le retrait n’est pas une méthode de contraception efficace ! 

À 24 et 27 ans, il était inenvisageable pour moi d’avoir un enfant. J’étais en plein dans ma période « je n’en voudrai jamais, je préfère les animaux, les enfants c’est mignon chez les autres… et gniagniagnia ! ». Une fois passée la stupeur de l’annonce, de longues discussions avec mon compagnon nous ont permis d’y voir plus clair sur la situation. Les deux fois, c’est avec beaucoup de chagrin malgré l’évidence que nous avons pris la décision d’avorter.

À ce moment-là, de nombreuses pensées se mélangeaient dans ma tête. Parmi elles, la culpabilité de faire ce choix alors que d’autres femmes ne parviennent pas à avoir d’enfant. Ou encore celle de ne pas savoir si on peut considérer que ce petit être qui grandit en moi est déjà « un bébé », ou juste « un oeuf sans âme ». Ça chamboule 😔

« Ne faites pas ca, vous allez le regretter » 

Dans les jours qui ont suivi, ma décision (pourtant ferme) a été remise en question par deux événements qui m’ont bousculée… La première, lorsque le biologiste (c’est comme ça qu’ils s’appellent ? 🤔) du cabinet d’analyses m’a remis les résultats : « Bravo Madame, vous êtes enceinte ». Ça ne lui est pas venu à l’esprit que cette nouvelle n’en était pas une bonne pour moi ? Je me suis permis de lui dire que j’aurai préféré qu’il m’annonce que je n’étais pas enceinte, et vu sa mine déconfite, je pense que son discours a changé depuis ce jour-là…

Deuxième situation • Quand j’ai pris le rendez-vous avec mon médecin pour entamer la procédure d’IVG, la secrétaire médicale m’a dit au téléphone : « Ne faites pas ça ! Ma meilleure amie a avorté, elle ne s’en est jamais remise… Ça fait plus d’un an qu’elle pleure chaque jour à cause de cette décision. Vous allez le regretter ! ». Woooo ! Sur l’instant, ça m’a fait réfléchir 🙄 Je me suis demandé si je faisais le bon choix… Et en même temps, dans cette situation, tout est déjà tellement flottant et incertain, qu’il me suffisait de peu pour faire basculer mon choix d’un extrême à l’autre. Mais j’ai décidé de suivre ma volonté première malgré tout.

Avec le recul, je trouve que cette phrase était totalement déplacée, empreinte de conseils que je n’avais pas demandés, teintée de l’expérience d’une autre. En aucun cas, le corps médical ne devrait se prononcer en faveur ou défaveur d’un choix aussi intime et personnel. Son rôle n’est pas celui-ci. Je me suis sentie jugée, orientée malgré moi. Dans cette situation, la neutralité du corps médical me semble être très précieuse, afin de nous assurer de pouvoir nous livrer sans retenue, pour pouvoir faire nos choix avec toutes les cartes en mains.

Nos choix nous appartiennent. Ils sont orientés par nos histoires personnelles, nos besoins, nos envies, nos peurs, nos espoirs, nos traumatismes… Tant de paramètres différents d’une personne à l’autre… Il ne peut pas y avoir UNE réponse universelle à cette question : dois-je garder mon bébé surprise ?

Pour ma part, je n’ai jamais regretté. Je pense parfois à ces deux petites étoiles qui me regardent depuis là-haut, et c’est toujours avec douceur et un amour infini. Il m’arrive parfois de me dire « Il aurait eu huit ans cette année », et c’est alors le seul moment où je ressens une petite pointe de tristesse ✨

Jamais deux sans trois

Et puis en février 2022, je tombe enceinte une nouvelle fois. Au cas où je ne l’aurais pas compris… 🙄 Il semblerait que la Vie me destine vraiment à devenir mère ! À ce moment-là, je n’ai toujours pas le désir d’accueillir un petit bout de chou dans mon quoitidien. Avec le père, nous prenons la décision conjointe d’entamer une procédure d’avortement.

Le choix est, encore une fois, limpide pour moi, ça ne me semble même pas être un choix. C’est une nouvelle fois « évident » (au début…) ! Les circonstances du moment ne vont pas du tout en faveur d’un bébé dans ma vie : je connais le père depuis peu de temps, je n’ai pas envie d’être maman (spoil : croyance), je suis à mon compte et mon entreprise n’est pas du tout structurée pour que je travaille moins (spoil : croyance), mon logement n’est pas adapté (spoil : croyance)…

Tout est clair dans ma tête, le rendez-vous médical est fixé, la vie suit son cours malgré tout… Et puis une nuit, tout change !

Je suis seule dans mon lit quand soudain tout arrive d’un coup : l’amour maternel pointe le bout de son petit nez dodu, les hormones aussi sûrement, l’horloge biologique très certainement. Je commence alors à prendre en considération les deux discussions de la journée avec des personnes proches de moi qui m’ont toutes les deux dit que j’avais le choix, que je pouvais aussi prendre le temps d’y réfléchir encore.

Après la sérénité, l’effondrement 😔 Toutes mes certitudes tombent, mes défenses s’abaissent d’un coup. Je me sens seule, démunie, perdue. La nuit passe, mon état oscille entre mille et une pensées, me malmenant mentalement et physiquement.

Au réveil, je sais alors que je garderai cet enfant.

J’ai encore du mal aujourd’hui à comprendre ce qui s’est joué alors. Je le mets sur le compte du destin, ou quelque chose de cet ordre. Une situation non maîtrisée, non préméditée, et une décision intensément ressentie dans mes tripes.

S’ensuit alors une longue aventure semée d’embûches, d’épreuves, mais jamais je n’ai plus douté de ma volonté d’avoir cet enfant. Timothée est né le 5 novembre 2022, et c’est le plus beau cadeau de ma Vie 👩‍🍼 Un quotidien de maman où je m’épanouis dans un nouveau rôle que je n’aurai jamais pensé endosser ! La vie est joueuse… et pleine de surprises ! Ce que je vis aujourd’hui ne m’aurait jamais semblé possible il y a quelques années, voire même quelques mois.

Mais ça, ça sera le sujet d’un autre article… 😜

Cet article a pour but de mettre en avant l’impermanence de nos décisions, selon nos parcours de vie, l’étape sur laquelle on chemine, les circonstances qui peuvent faire que la décision prise à un moment n’est pas forcément celle de la prochaine expérience similaire. Et aussi, rappeler que personne d’autre que nous ne peut savoir quoi faire. On peut écouter les conseils, lire des témoignages, nous seul savons ❤️

Trois bébés « surprise » auront ainsi cheminé à mes côtés. Si deux sont retournés dans les étoiles, et qu’un seul est présent chaque jour à mes côtés, les trois font partie de mon histoire, et je n’oublie pas… J’ai appris à vivre avec leur souvenir, d’une façon plus douce avec le temps. Grâce à une foi en la magie de la vie et ses enseignements, j’ai trouvé du sens à ces expériences.

En parler 

Au cours de ces dernières années, j’ai échangé avec de nombreuses femmes à propos de leur expérience de la maternité. Et j’ai pu remarquer que le sujet de l’avortement est encore très tabou. Si toutes les femmes ne souffrent pas (ou plus) d’avoir vécu une telle expérience, beaucoup semblent porter les marques de cette blessure invisible, même parfois des années après 🤍 Et chaque fois, quand elles se livrent à quelqu’un qui les écoute sincèrement, avec toute la douceur requise quand on aborde cette expérience si singulière, le soulagement est aussi vif que la morsure du souvenir.

En parler fait du bien. Lire à ce sujet fait du bien. Même si chaque expérience est différente, les processus se ressemblent. Aucune femme ne devrait avoir à faire un choix sous la pression, par peur, par manque d’exemples de belles histoires hors du cadre traditionnel… Chacune devrait pouvoir accéder librement à son libre arbitre, à ses envies profondes, faire ses choix selon ses termes et ses valeurs, à l’issue de ses propres réflexions. Alors, si à travers ces mots j’ai pu ouvrir des portes, donner de l’espoir, rassurer, initier une réflexion… alors m’être livrée ainsi en valait la peine ❤️

À toutes ces petites étoiles qui brillent au-dessus de nos têtes ✨